Origine et histoire de l'Église Notre-Dame-de-Bonsecours
L'église Notre-Dame-de-Bonsecours, située à Nancy en Meurthe-et-Moselle, est un édifice du XVIIIe siècle élevé sur les plans d'Emmanuel Héré entre 1738 et 1741 sur l'ordre de Stanislas Leszczynski ; elle illustre le goût de son époque et renferme notamment les mausolées de Stanislas et de son épouse. L'origine du sanctuaire remonte à la bataille de Nancy où, après la défaite des Bourguignons et la mort de Charles le Téméraire, une chapelle et un ermitage furent autorisés par René II pour remercier la Vierge de la victoire ; cette primitive chapelle, parfois appelée Notre-Dame-de-la-Victoire ou « chapelle des Bourguignons », abritait dès 1505 une Vierge de la Miséricorde sculptée par Mansuy Gauvin, rare témoin de la sculpture lorraine médiévale, retrouvée en 1741 dans une niche de l'abside. Desservie d'abord par des ermites puis, à partir de 1609, par les minimes, la chapelle fut agrandie en 1629 et devint un sanctuaire très fréquenté, la dévotion s'accroissant encore pendant les épreuves du XVIIe siècle. À son arrivée en Lorraine, Stanislas entreprit la démolition et la reconstruction du sanctuaire pour affirmer sa postérité, marquer son attachement au culte marial et tirer parti de la situation du lieu entre Nancy, La Malgrange et la route de Lunéville ; il confia le projet à Emmanuel Héré et posa la première pierre en 1738, l'ouvrage étant terminé en 1741. Héré composa une façade étroite et élancée, surmontée d'un clocher coiffé d'un toit bulbeux et d'une flèche ; quatre colonnes engagées d'ordre composite, provenant du château de La Malgrange, supportent un entablement et un attique, tandis qu'une porte centrale surmontée d'une fenêtre porte les armoiries de Stanislas et la devise « Caritas » des minimes ; des niches abritent saint Stanislas et sainte Catherine. L'église subit de graves dommages pendant la Révolution : les mausolées furent toutefois préservés pour leur valeur artistique et transférés dans la chapelle de la Visitation, la crypte fut profanée et le plomb des cercueils fondu, les dépouilles ayant été entassées pendant neuf ans près de l'ouverture réalisée par les dames chanoinesses de Bouxières-aux-Dames. Restauré grâce notamment au concours de Mme de Bourgogne, le chœur fut repris en 1806 et les monuments réinstallés en 1807 ; l'édifice connut ensuite de nombreuses visites princières et devint successivement annexe de l'église Saint-Pierre, chapelle d'une maison de retraite pour prêtres dite « collégiale », puis paroisse en 1844, date à laquelle l'abbé Morel lança une restauration complète et fit agrandir le chœur en 1862. Le pape Pie IX fit don en 1865 d'un diadème surmonté d'une croix de Lorraine et tenu par deux anges pour le couronnement de la statue de la Vierge, et le sanctuaire, lié à l'histoire de la Pologne, a conservé une fréquentation pérenne ; l'église et de nombreux objets y sont classés au titre des monuments historiques par arrêté de 1906. Intérieurement, Stanislas souhaita une atmosphère polonaise : la décoration, riche et rococo, se manifeste dans les statues polychromes des saints qui ornent les pilastres de la nef et dans les revêtements de stuc coloré imitant le marbre, œuvres de Louis et Nicolas Manciaux. La nef, étroite mais haute de dix-huit mètres, est couverte par des voûtes peintes en 1742 par Joseph Gilles dit « le Provençal » et restaurées en 1853 par Bourdier ; les fresques, consacrées à l'Annonciation, à l'Assomption et à l'Immaculée-Conception, ainsi que les lunettes ornées d'emblèmes mariaux, témoignent d'influences françaises et italiennes. La chaire, très ouvragée, repose sur un support de style Louis XV orné des symboles des évangélistes et de bas-reliefs représentant le Sauveur, les apôtres et le Calvaire ; l'abat-voix est soutenu par deux palmiers sculptés. Il ne subsiste de l'ancienne grille que celle du sanctuaire au chiffre de Stanislas, attribuée au serrurier Jean Lamour ; les stalles de l'abside datent du XIXe siècle et le décor s'acheva en 1877, tandis que deux confessionnaux de style Louis XV, dus aux ateliers d'Eugène Vallin et Victor Huel, furent placés dans la nef en 1889. Les vitraux du chœur, modifiés en 1872 par Laurent-Charles Maréchal à la demande de Napoléon III et de l'impératrice Eugénie, représentent le mariage de la Vierge et la présentation de Jésus au Temple ; sept vitraux de la nef posés en 1904 par Joseph Janin illustrent des scènes de l'histoire de l'église. Au-dessus de l'entrée se trouvent un orgue Cuvillier et des drapeaux turcs capturés lors de batailles, et dans le chœur, près du mausolée de Stanislas, se trouvait autrefois un guidon envoyé par les habitants de Dantzig en 1733, volé en 1969 puis restitué en mauvais état et déposé au Musée lorrain. Le tombeau de Catherine Opalinska, réalisé par Nicolas-Sébastien Adam et installé en 1749, représente la reine agenouillée devant une pyramide de marbre, guidée par un ange, avec ses attributs royaux à ses pieds et des bas-reliefs symbolisant la Foi et la Charité ; le monument de François-Maximilien Ossolinski, commandé à la même époque, montre le personnage en marbre blanc en grand manteau, entouré d'angelots veillant ses armes. Le cénotaphe de Stanislas, œuvre confiée initialement à Claude-Louis Vassé et achevée par Félix Lecomte, fut installé en 1775 ; le souverain y est couché à la manière antique, la main appuyée sur un bâton de commandement, tandis que le globe terrestre partiellement voilé symbolise le deuil universel et que des allégories figurent la Charité et la Lorraine. Le monument consacré au cœur de Marie Leszczynska, commandé par Louis XV, prend la forme d'un médaillon porté par deux génies en pleurs. Le buffet de l'orgue Cuvillier de 1858 fut déposé en 1989 et la partie instrumentale entreposée sans soins, tandis qu'une association et la paroisse ont entrepris de pourvoir l'église d'un nouvel orgue : un instrument inachevé de Victor Gonzalez (1954) acquis et installé dans des niches dissimulées fut harmonisé en 2014 et inauguré par un concert le 30 mars 2014.